Le Rwanda au conseil de sécurité, la RDC au concert de sureté

Article : Le Rwanda au conseil de sécurité, la RDC au concert de sureté
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3 janvier 2013

Le Rwanda au conseil de sécurité, la RDC au concert de sureté

Les Presidents Paul Kagame de la Rwanda et Joseph Kabila de la RDC par Radio Okapi, via Flickr CC.
Les Presidents Paul Kagame de la Rwanda et Joseph Kabila de la RDC par Radio Okapi, via Flickr CC.

Le 1er janvier 2013, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ont débuté officiellement leurs mandats de deux ans au sein de cet instance. Parmi ces pays, se trouve le Rwanda. Quoi de plus normal et légitime pour ce pays que l’octroi de cette place de prestige, où la rotation entre les pays (outre les cinq permanents) offre l’opportunité à chaque nation de siéger à cette haute instance qui statue sur différents points ayant trait au maintien de la paix à travers le monde ? C’est en fait une expression de la solidarité universelle, car seuls quelques pays du globe se trouvent dans des situations de guerre.

On peut en déduire, sans risque de se tromper, que pour faire partie d’une telle instance – mieux, d’un tel organe – il faut que ses propres troupes soient consignées dans leurs casernes et que leurs déploiements s’opèrent uniquement dans le cadre du maintien, voire de la préservation de la paix. Cette paix qui, à force d’être recherchée, risque bien, si ce n’est pas déjà le cas, de se transformer en prétexte pour se donner bonne conscience et ouvrir les hostilités même quand et là où cela n’est pas opportun. Et ceci est d’autant plus à redouter avec l’acceptation quasi-unanime de toute la communauté internationale qui donne des ailes au Rwanda.

Cette communauté internationale – je n’aime pas ce concept qualifié de « mot valise » par Hubert Védrine, ancien chef de la diplomatie française, mais prenons le dans un sens minimal où il symboliserait l’Assemblée Générale de l’ONU – a vite oublié les deux récents rapports qui implique directement le Rwanda, le citant d’ailleurs comme le principal soutien au mouvement insurrectionnel dénommé M23 qui rend la vie amère aux habitants de la partie orientale de la RDC. Bien plus, le deuxième rapport publié quasiment la veille de la promotion du Rwanda, ne fait aucun mystère sur l’implication personnelle des hauts responsables du gouvernement rwandais, dont le ministre ayant dans ses attributions la défense.

C’est clair, il n’y a jamais eu de rébellion, moins encore d’insurrection en RDC, les situations des guerres qui se vivent depuis une bonne décennie maintenant ont été directement commanditées de l’extérieur, contrairement à ce que certaines chancelleries avanceraient pour se dédouaner, en osant dire que cette situation de guerre était désormais dans les habitudes du vécu de la RDC, niant par le fait même toute implication du pays agresseur dans la déstabilisation de la sous-région. Le comble est de constater que personne n’est dupe, la communauté des nations en premier car, au fait, c’est elle par le biais du conseil de sécurité, qui depuis le début de la nouvelle agression dont est victime la RDC n’a pas hésité à pointer du doigt le Rwanda qui met en avant plan ses soucis de « sécurité » pour intervenir à son gré au Kivu, en soutenant les rebellions locales, rejoint d’après le second rapport par l’Ouganda : rien d’étonnant !

Pendant ce temps, Kinshasa affiche une peur dont on ne saurait trouver l’origine ailleurs que dans un complexe ambiguë dont souffre le leadership congolais, avec des déclarations frileuses et inadaptées à la situation et qui frisent la  complicité et la trahison.Mais ça c’est une autre histoire.

Comment peut-on justifier ce choix fait haut la main d’abord au niveau du continent, ensuite de manière assez formaliste au niveau des Nations-Unies ? Les échos nous sont parvenus faisant état de la bonne figure dont jouirait le pays des mille collines en matière de maintien de la paix notamment au Darfour, en Haïti, etc. Et c’est assez louable pour un pays de moins de quinze millions d’habitants de penser aux autres, alors qu’il se dit toujours menacé par les réfugiés hutus qui sont entrés en RDC à la suite de la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais, mais passons. Si en même temps, à côté de ses atouts en matière de maintien de la paix, il est constaté et attesté qu’il contribue substantiellement à la précarité qui sévit actuellement dans la région des grands lacs, cela ne pourrait-il pas être considéré comme le bémol suffisant pour ajourner une telle ascension ? C’est remercier un sapeur-pompier qui a sauvé une dame une fois dans une maison en feu  à moitié éteint et l’encourager à être le pyromane en série qui dévaste des villages et cités entiers  pendant une décennie ! C’est terrible

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