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Et si la constitution était un Être suprême en Afrique ?

Qu’il s’agisse d’une monarchie ou d’une république, d’une dictature ou d’une démocratie, chaque nation dispose toujours d’une Constitution qui lui sert de particularité tant sur le plan interne qu’externe. Cette loi fondamentale écrite (pour la plupart de cas) et exceptionnellement coutumière situe la vie de la cité dans sa genèse, établi ce dont elle est constitué et régit son fonctionnement.

On s’imagine aisément qu’on est en face de deux domaines les plus sensibles de la vie d’une nation donnée à savoir : le droit et la politique. Mais, loin de moi l’idée folle d’épiloguer sur ces cordes ultra sensibles qui font couler beaucoup d’encre et de salives… Néanmoins, j’ai envie tout de même de m’intéresser à un tout petit aspect qui touche essentiellement sur le respect de ces textes, adoptés très souvent haut la main

Aucune Constitution, en effet, ne saurait satisfaire de manière exhaustive toutes les aspirations, du reste mouvantes, d’une nation. Ceci explique, entre autre, la possibilité de révision ou d’amendement que l’on retrouve dans toutes les constitutions du monde, ou presque. Ces révisions doivent, suivant une logique simple, revêtir un caractère général et impersonnel : une Constitution se doit d’être permanente et s’inscrire surtout dans la durée. C’est la seule condition pour qu’elle garantisse la stabilité de la nation dont elle sert de lumière, à l’image d’un être suprême qui serait survenu après approbation, à l’issue d’un plébiscite ou d’un referendum du peuple, dictant sa loi à ceux qui l’ont reçu mais qui peut effectivement s’adapter aux différentes mutations socio-politiques, voire économiques qui interviennent ici et là. Et à cet effet, notons qu’un être supérieur n’est présenté aux hommes que par le biais de la religion ou d’une quelconque autre organisation similaire ; or dans toutes les religions du monde, il existe des personnes qui ont justement la responsabilité d’être des intermédiaires entre Dieu et les hommes en veillant notamment aux faits et gestes des populations qui sont censément assujettis à l’être suprême, s’ils vivent conformément  aux prescriptions de la suprême volonté. Quelle tâche !

En essayant un parallélisme osé pour notre billet, ceci pourrait nous donner quelque chose comme ceci : l’être suprême serait la constitution ; la foi qu’on accorderait à cette dernière serait le referendum car la foi tout comme le vote requiert l’autonomie de la volonté ; et le ministre de cultes dans ce cas ne peut être que le juge constitutionnel qui est au service de l’Etre suprême, en veillant justement à ce que sa volonté soit respecté, c’est-à-dire, entre autre, que les révisions constitutionnelles ne puissent s’opérer sans l’adhésion populaire.

Ceci nous offre un cas de figure assez intéressant : peut-on se détourner de l’Etre suprême après l’avoir accepté pour le seul motif qu’il ne nous satisfait plus ? Ou, le mieux serait de voir s’il existe une possibilité (et il doit y en avoir une) de s’agripper sous cette toile divine et de se remettre à ceux qui ont la « prêtrise » pour éclairer la religion de tous. Cette façon de faire les choses empêcherait, surtout chez moi en Afrique, des révisions constitutionnelles intempestives, qui ne tiennent pas compte de l’intérêt général, et responsabiliserait un peu plus le juge constitutionnel. Car comme le disait un professeur de droit de l’Université de Kinshasa: « la constitution touche à la fois l’identité matérielle et même spirituelle de la nation pour laquelle elle est appliquée ». C’est à ce titre d’ailleurs que différents mécanismes juridiques anciens comme récents militent justement pour que le contrôle de constitutionnalité ainsi que les révisions ne se limitent pas qu’aux textes mais aussi et surtout à l’esprit qui a concouru à l’accouchement du dit texte, ne dit-on pas que « la lettre tue et l’esprit vivifie ».

Divinisons nos constitutions, on verrait moins leurs défauts et ainsi on pourrait mieux les respecter et surtout les accepter telles qu’elles se présentent, car il n’y a aucune constitution qui ne soit meilleure que les autres. Il suffit juste de l’inscrire dans la durée et on verrait bien que tout irait à la normale.


RD Congo: ces généraux aux statuts ambigus

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Debout sous un soleil de plomb, la tête bien droite sous le drapeau et le regard fixé vers leurs instructeurs , ils sont encore jeunes. Ces recrues militaires qui jurent fidélité à leur patrie, de la servir jusqu’au sacrifice suprême, même si cela n’a jamais été le souhait d’aucun d’entre elles. Et au fil des jours, elles gravissent des échelons et galons après galons, ils deviennent des responsables dans la hiérarchie militaire devenant pour ainsi dire, des officiers dont les plus hauts gradés sont les généraux. Eh bien ! Chez moi en RDC, ces généraux, pour certains en tout cas, se sont adjugés des privilèges qui frisent une certaine impunité. Ils passent de façon peu habituelle les mailles du filet de la justice tant nationale qu’internationale surtout avec la vague d’interpellations ces dernières années par la Cour Pénale Internationale de différentes personnalités politico-militaires. La RD Congo est d’ailleurs détenteur du record des affaires pendantes au niveau de cette instance issue des statuts de Rome, ratifiés en 2002 par la RD Congo. Lui octroyant, de ce fait, la compétence de connaitre de tous les crimes à caractère international qui se commettraient dans n’importe quel coin du globe surtout que dans la plupart des pays, africains en l’occurrence, la compétence universelle des juges ne se retrouve pas encore dans leur arsenal juridique. Une activité législative intense s’impose à cet effet. J’en parlerai peut-être plus tard.

S’agissant de nos généraux « immunisés », ils se retrouvent dans divers dossiers et dans diverses affaires que l’on peut regrouper en trois catégories suivant  les cas que nous allons épinglés pour illustrer parfaitement nos propos. En premier lieu, nous évoquons ce général, ancien inspecteur général de la police qui est cité comme le commanditaire principal dans l’affaire de l’assassinat d’ un activiste des droits de l’homme. La logique la plus simple aurait été qu’il acceptât de se présente lui-même devant les instances judiciaires ; non pas comme témoin, tel que cela s’est fait au cours d’une des audiences de cette affaire qui de jours en jours prend des proportions beaucoup plus grandes que celles qu’on pouvait imaginer. Mais qu’il s’affichât justement en tant que le présumé commanditaire et simplement en tant que tel afin qu’il éclaire la justice et l’opinion sur sa participation ou non dans ce macabre assassinat  pour qu’enfin justice soit rendue sur base d’éléments complets provenants des personnes concernées elles –mêmes. Mais hélas !  Rien n’a été fait dans ce sens et notre général se la coule douce dans une de ses villas à Kinshasa.images

Il en est de même de ces officiers supérieurs recherchés par la Cour Pénale Internationale pour un ou deux crimes internationaux qu’ils auraient perpétrés ou du moins en auraient été commanditaires. Lesquels crimes s’inscrivent dans la compétence de cette Cour qui, manquant de police, ne peut que compter sur la collaboration des autorités politico-administratives du pays dans lequel le forfait est commis ou dans le pays d’accueil du fugitif qui, par le biais d’un mandat d’arrêt international, devrait livrer le prévenu pour qu’une des plus grandes vertus de la justice s’accomplisse. A savoir, la réparation des préjudices subis par les victimes. Alors là, même les scénaristes hollywoodiens, au-delà de leur sens élevé d’inspiration et de créativité, n’auraient pas eu d’échange à celle-ci. Au fait ces généraux, ne sont, non seulement, pas arrêtés par les services congolais alors qu’ils ont leurs domiciles sur le territoire national mais pire encore, ils sont accueillis comme si de rien n’était par le pays voisin. Et comme si cela ne suffisait pas, ils revendiquent la nationalité de ce pays qui censément devrait être le pays d’accueil avec possibilité d’extradition. Comment de tels messieurs ont pu gravir toutes ces marches? Car on ne devient général des forces armées en RD Congo que sur décret présidentiel, et ce privilège ne s’octroie qu’aux nationaux. Loin de verser dans l’exclusion, mais il y a tout de même matière à réfléchir  sur la « congolité » d’un groupe ethnique qui a la particularité de se retrouver dans plusieurs pays sans que leurs liens tribaux ne souffrent outre-mesure de la séparation faite au compas européen à Berlin en 1885. Bizarre.

La troisième catégorie, non moins négligeable, est celle où la protection d’un officier, après avoir atteint son summum du ridicule, a fini par mettre à nu un monsieur dont  l’exonération des crimes était considérée il y a peu comme le prix à payer pour la restauration de la paix dans la région des grands-lacs africains. Ceci, au grand dam de la justice et surtout au mépris des nombreuses personnes qui gardent et qui garderont encore bien longtemps les stigmates des atrocités dont ils ont été victime. Ce général est ni plus moins l’instigateur de la nouvelle rébellion qui décime des nombreuses familles à l’Est de la RD Congo et circule actuellement en toute liberté en changeant cette fois-ci de casquette, laissant ses poulains passés au premier plan, tel un génial marionnettiste, il dirige les opérations.images

Oui, nos vaillants généraux sont vraiment dignes de leurs galons et cela explique nos énormes prouesses dans les différentes batailles de la nouvelle guerre dans l’Est de la RD Congo. Elle n’a d’ailleurs de nouvelle que ces animateurs, les nouveaux chefs de guerre, sinon on prend les mêmes et on recommence.


Kinshasa , une ville, un monde…et un destin

kinLà, quelque part, au beau milieu de la forêt équatoriale, de la jungle africaine, se trouve une ville aux couleurs particulières, aux réalités étonnantes, d’où dérivent des scénarios et des constats rocambolesques et parfois même débiles. Débile, voilà le mot qui peut, si on le dépouille de tout sens négatif, caractériser Kinshasa parce qu’il s’agit bien de cette ville de la jungle africaine, la jungle. J’insiste et si ça vous dérange, je comprendrais que vous ne soyez pas un amateur de la boxe car deux de plus grands boxeurs qu’ait jamais connu le monde s’y sont affrontés. Les organisateurs de cette joute n’ont pas hésité à la dénommer « le combat dans la jungle », bien qu’ils n’ont de cesse de reconnaître que c’est le combat du siècle entre Georges Foreman et Mohamed Ali, mais là n’est pas notre sujet. Nous voulons ici présenter un tableau, fou peut-être, mais pas complètement. Vous vous en rendrez bien compte, l’intitulé est assez évocateur, révélateur voire provocateur mais exaltant, me semble-t-il, on le verra.

En fait, le monde dans ses diverses manières de vivre, de se concevoir et d’évoluer nous a offert deux blocs, deux styles très différents politiquement, économiquement, socialement et culturellement. La géographie de manière ainsi hasardeuse qu’il soit a placé les uns à l’Ouest, les occidentaux, comme on les appelle, et les autres à l’Est, les Orientaux. Ces deux blocs sont représentés chacun par un Etat qui en est le symbole et loin de moi l’idée de vous renvoyer à l’après deuxième Guerre mondiale, pour une raison toute simple : je suis né cinq ans avant la chute du mur de Berlin et le seul coin de la terre que je connaissais à l’époque c’était mon quartier. Convenez avec moi que l’Orient ne peut mieux être représenté aujourd’hui que par la Chine et l’Occident. Ne vous faites pas d’illusion, est toujours symbolisé par les « States » comme on le dit chez nous. Eh bien ces chinois et ces américains, on les retrouve à Kinshasa qui est une grande ville, divisée en quatre grands ensembles, les districts, terme conféré par la décentralisation administrative.images

L’ un de ces districts, la Tshangu, porte affectueusement le surnom, tenez-vous bien, de la Chine ,et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, c’est là que l’on retrouve la plus forte concentration démographique de la ville. La densité est telle que les embouteillages commencent dès le lever du soleil jusqu’en fin de soirée. Les populations qui y vivent, aux mentalités quasi homogènes ne dorment presque pas.

Dans la Chine kinoise, on peut s’acheter de quoi se nourrir et se vêtir à trois heures du matin et, corrigez-moi si vous le pouvez, les chinois asiatiques eux aussi travaillent souvent la nuit. Ne me posez surtout pas la question de la situation géographique de ce district qui porte si bien son nom de Chine, vous l’avez certainement deviné. Hasard ou coïncidence, sera-t-on tenté de dire.
Mais que dire, si à l’autre bout de la ville, à l’Occident où se concentre toute la jet set du monde des affaires, de la politique et du show-biz kinois, on y trouve l’unique cercle hippique que compte une agglomération de plus de dix millions d’âmes. Les seuls cours de tennis et de golf ainsi que le seul hôtel cinq étoiles que compte la ville s’y trouvent ; et on remarque que les mentalités changent, les modes de vie également. A Gombe, Ma campagne et autres quartiers huppés de l’Ouest, les kinois s’habillent à l’américaine, on ne parle presque pas notre lingala national même dans la rue, c’est le français. Comprenez aisément qu’on est loin de la promiscuité chinoise. Les maisons sont si spacieuses qu’il y a pour certaines des piscines et même des cages pour chiens ! Quel luxe pour la chine kinoise où une pièce peut être la journée une épicerie ou un restaurant de fortune et littéralement se transformer la nuit en dortoir pouvant contenir cinq à dix personnes, hommes, femmes et enfants compris. Ce n’est pas très loin de la Chine asiatique à quelques égards et exceptions près, il faut bien le noter pour éviter de heurter certaines sensibilités et susceptibilités. Et pour le relever, une petite comparaison, si j’ose le faire : la ville de Beijing en Chine avec ses nouvelles constructions, son nid d’oiseau, serait, dans un format réduit, le quartier 7 à Ndjili où on trouve des bâtisses qui vous font plonger dans un monde à part  qu’on ne saurait trouver en Chine, kinoise, bien entendu et j’ai osé.

Alors, dans cette ville où la Chine pragmatique et travailleuse se frotte culturellement avec les Etats-Unis et son fameux rêve américain, d’ailleurs les jeunes de cette partie de la ville sont taxés des rêveurs ou d’américains perdus au Congo (voyez à quel point on pousse la ressemblance). Il ne peut manquer qu’une chose ou peut être deux : les non-alignés et l’organisation des Nations Unies. Oui à Kinshasa, il y a également  l’ONU, symbolisé par une commune du centre de la ville, réputée pour ses sportifs qui servent à « maintenir la paix ». Il faut bien être fort pour imposer la paix à ceux qui la menacent et cette position le place à cheval culturellement parlant entre les deux blocs et il peut servir donc d’arbitre. Il s’agit de la fameuse commune de Matete. Dans les communes et quartiers dits non-alignés on retrouve un tout petit peu les saveurs de deux blocs où s’entremêlent ceux qui se reconnaissent de l’orient tels que les quartiers et communes de Kintambo, Bandal, Matongue et autres et ceux qui de tendance occidentale,Limete et certains quartiers de Lemba peuvent se classer dans cette dernière catégorie ;  les non-alignés comme je l’évoquais sont comptés parmi les quartiers où tout peut s’observer allant de la sérénité de l’ouest jusqu’au vacarme de l’Est en passant par le ton ponctué  de toute ville. Et les tiers-monde dans tout ça ? je n’en parlerais pas,car la plupart des quartiers et communes qui se retrouvent dans cette catégorie sont nés après le départ des belges, ils sont donc sous-équipés pour reprendre le terme de feu le président Mobutu, l’ancien dictateur RD Congolais.

N’est-ce pas extraordinaire qu’une ville à elle seule puisse renfermer toute la réalité du monde et si elle s’y prenait autrement, elle pourrait, qui sait,servir de cobaye pour la paix mondiale et Dieu seul sait combien nous en avons besoin


Les rebellions en RDC, une partie visible de l’iceberg

« Il n’y a jamais eu des guerres propres mais il existe de guerres nobles », dit un adage de chez nous. Alors, noblesse et propreté dans ce cas ne sont pas des concepts à chercher dans leur sens propre, sinon ils ne peuvent en aucune manière trouver leur place lorsqu’on évoque la guerre. La noblesse ici n’exprime visiblement que l’idée de la nécessité impérieuse qui peut militer au recours à la guerre pour lutter en vue de mettre un terme à une situation insupportable qui s’était érigée en système et qui ne pouvait trouver un dénouement que par la voie des armes. Après tout, une guerre ne peut être juste que quand elle est nécessaire, dixit Nicolas Machiavel. Eh oui ! La guerre, encore et toujours la guerre. Ce terme sombre aux réalités lugubres qui hantent nos pensées, alors que nous devrions évoquer de bons souvenirs, mais avons-nous le choix ? Originaire et résident d’un pays ou la guerre sévit pendant plus d’une décennie, on ne peut qu’en parler, comme si on y était contraint par un sortilège dont on ignore encore l’origine.

En fait, voilà plus de quinze ans que la RD Congo est en proie à des guerres qu’aucuns trouvent justifiées, libre à eux , démocratie oblige, mais nul ne peut cependant méconnaitre le coté macabre de son bilan : plus de six millions de morts, un triste record après celui de la deuxième guerre mondiale avec tous ces corollaires : viol de femmes et de filles, déplacement des personnes laissant meubles et immeubles, séparation de familles, enrôlement d’enfants mineurs au sein des forces armées, etc. La liste n’est pas exhaustive. Ce tableau noir a, bien entendu, des auteurs, des causes lointaines et immédiates et, malgré le changement de dénominations et même des animateurs de ces différents mouvements insurrectionnels qui interviennent dans des circonstances socio-politiques également mouvantes, on s’aperçoit curieusement  qu’ils ont des traits et caractéristiques communs qui font pâlir d’étonnement surtout que la ressemblance touche à la génétique, l’anatomie et même la physiologie de ce monstre à plusieurs têtes mais ne contenant au finish qu’un seul cerveau.

En effet, pendant que la flamme de la dictature du feu Joseph Désiré MOBUTU perdait peu à peu mais significativement ses brindilles enflammées, vers la fin des années quatre-vingt-seize, surgit à l’Est de la RD Congo une rébellion ayant à sa tête un vieux maquisard, ancien membre de la jeunesse du mémorable Mouvement National Congolais, parti politique créé pour la réclamation et l’obtention de l’indépendance, par Patrice Emery LUMUMBA d’heureuse mémoire. Cette rébellion soutenue par les pays voisins de la partie orientale de l’Afrique que d’aucuns n’accordaient aucune chance de réussite a, contre toute attente, et ce, au bout de huit mois, réussi à conquérir un territoire d’une superficie continentale, quatre fois plus grande que la France et quatre-vingt fois la Belgique, la nation colonisatrice. Mobutu ou son armée, était-il faible à ce point, rien n’est moins sûr, toujours est-il que la rébellion a soulevé des questions devenues à ce jour le leitmotiv de tous les mouvements qui se sont succédés à savoir la question de Banyamulenge, ces tutsis congolais qui seraient marginalisés et aussi la fameuse question des LRA (lord resistence army) et des interhamwé ainsi que des FDLR (force démocratique pour la libération du Rwanda), des vieux mouvements rebelles respectivement de l’Ouganda et du Rwanda qui auraient pour base arrière la rd Congo, des vraies raisons oudes prétextes, la réalité au jour d’aujourd’hui nous livre de la manière la plus claire les vrais enjeux de ces guerres à répétition qui ne sont autres que la balkanisation de la rd Congo et l’annexion de sa partie orientale au Rwanda et à l’Ouganda .

La fille ainée de ces mouvements exogènes est comme nous l’avons évoqué plus haut l’AFDL (alliance des  forces démocratiques pour la libération du Zaïre), saisissant l’opportunité qui s’offrait avec l’affaiblissement physique et surtout politique du Marechal Mobutu a masqué ce mobile mesquin de la balkanisation au profit de l’impérieuse nécessité du départ de l’ennemi public numéro 1, le pauvre qui comme un prophète avait lancé : « après moi c’est le déluge » qui l’a cru à l’époque ?, tous était dans l’extase et aujourd’hui, on se rend bien compte que la guelle de bois n’est pas loin de nous quitter, passons. On avait à peine défait le décor qui a servi à la tenue des festivités de l’an 1 de la prise du pouvoir par l’alliance qu’une autre rébellion débutée dans les mêmes circonstances, mais cette fois-ci en sus de décrier la dictature supposée ou réelle du régime de l’alliance, les ténors du RCD ( rassemblement congolais pour la démocratie) se sont également érigés en défenseur des droits des opprimés, entendez par là les banyamulenge pour lesquels une localité, celle de Minembwe prendra le statut de territoire, donc d’une entité territoriale décentralisée avec option de se doter d’une personnalité juridique qui le permettrait de bien disposer du sol et sous-sol au nom de l’alma mater qui est l’Etat, un bon début !

Cinq ans plus tard, comme personne ne pouvait gagner la guerre vu que près de dix armées sans compter celle des nations-unies combattaient sur le territoire national, on devait en venir aux négociations qui instaurèrent une transition- la énième pour le pays- et finalement les élections ont eu lieu. Pendant ce temps la situation sécuritaire à l’est du pays restait précaire, des généraux y défilèrent certains en paieront d’ailleurs de leur vie mais rien n’y fait jusqu’à ce qu’un mouvement plus ou moins structuré  voit le jour,le CNDP (congrès national pour la défense du peuple) à sa tête un général, dont aujourd’hui sa déchéance est une source d’ ambiguïté et d’ impasse , mais qui est tout de même monté au créneau pour cette fois-ci réclamer plus de représentativité des siens aux sein des institutions, ça y est ! ne pouvant faire aboutir ses revendications vu que le mandat de la CPI le poursuivait, il se réfugie dans un pays voisin dont sans rire il se réclame originaire, mais ces acolytes vont parvenir tout de même à obtenir du gouvernement rd Congolais un accord, le fameux accord du 23 mars qui replonge le pays dans le sang et dans la psychose des lendemains endeuillés et comme pour bien s’insérer dans le registre qui le correspond le mieux, le nouveau mouvement, le M23 qui revendique la non prise en compte des termes de cet accord ajoute au moment où nous couchons ces lignes une condition, tenez- vous bien ! L’administration de la province du Nord- Kivu, le plan fonctionne à merveille et malheureusement il y a de ses congolais qui font le lit à ce projet déstabilisateur pour le Congo, la région des Grands-lacs et l’Afrique toute entière… j’y reviendrai.

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Le Rwanda au conseil de sécurité, la RDC au concert de sureté

Les Presidents Paul Kagame de la Rwanda et Joseph Kabila de la RDC par Radio Okapi, via Flickr CC.
Les Presidents Paul Kagame de la Rwanda et Joseph Kabila de la RDC par Radio Okapi, via Flickr CC.

Le 1er janvier 2013, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies ont débuté officiellement leurs mandats de deux ans au sein de cet instance. Parmi ces pays, se trouve le Rwanda. Quoi de plus normal et légitime pour ce pays que l’octroi de cette place de prestige, où la rotation entre les pays (outre les cinq permanents) offre l’opportunité à chaque nation de siéger à cette haute instance qui statue sur différents points ayant trait au maintien de la paix à travers le monde ? C’est en fait une expression de la solidarité universelle, car seuls quelques pays du globe se trouvent dans des situations de guerre.

On peut en déduire, sans risque de se tromper, que pour faire partie d’une telle instance – mieux, d’un tel organe – il faut que ses propres troupes soient consignées dans leurs casernes et que leurs déploiements s’opèrent uniquement dans le cadre du maintien, voire de la préservation de la paix. Cette paix qui, à force d’être recherchée, risque bien, si ce n’est pas déjà le cas, de se transformer en prétexte pour se donner bonne conscience et ouvrir les hostilités même quand et là où cela n’est pas opportun. Et ceci est d’autant plus à redouter avec l’acceptation quasi-unanime de toute la communauté internationale qui donne des ailes au Rwanda.

Cette communauté internationale – je n’aime pas ce concept qualifié de « mot valise » par Hubert Védrine, ancien chef de la diplomatie française, mais prenons le dans un sens minimal où il symboliserait l’Assemblée Générale de l’ONU – a vite oublié les deux récents rapports qui implique directement le Rwanda, le citant d’ailleurs comme le principal soutien au mouvement insurrectionnel dénommé M23 qui rend la vie amère aux habitants de la partie orientale de la RDC. Bien plus, le deuxième rapport publié quasiment la veille de la promotion du Rwanda, ne fait aucun mystère sur l’implication personnelle des hauts responsables du gouvernement rwandais, dont le ministre ayant dans ses attributions la défense.

C’est clair, il n’y a jamais eu de rébellion, moins encore d’insurrection en RDC, les situations des guerres qui se vivent depuis une bonne décennie maintenant ont été directement commanditées de l’extérieur, contrairement à ce que certaines chancelleries avanceraient pour se dédouaner, en osant dire que cette situation de guerre était désormais dans les habitudes du vécu de la RDC, niant par le fait même toute implication du pays agresseur dans la déstabilisation de la sous-région. Le comble est de constater que personne n’est dupe, la communauté des nations en premier car, au fait, c’est elle par le biais du conseil de sécurité, qui depuis le début de la nouvelle agression dont est victime la RDC n’a pas hésité à pointer du doigt le Rwanda qui met en avant plan ses soucis de « sécurité » pour intervenir à son gré au Kivu, en soutenant les rebellions locales, rejoint d’après le second rapport par l’Ouganda : rien d’étonnant !

Pendant ce temps, Kinshasa affiche une peur dont on ne saurait trouver l’origine ailleurs que dans un complexe ambiguë dont souffre le leadership congolais, avec des déclarations frileuses et inadaptées à la situation et qui frisent la  complicité et la trahison.Mais ça c’est une autre histoire.

Comment peut-on justifier ce choix fait haut la main d’abord au niveau du continent, ensuite de manière assez formaliste au niveau des Nations-Unies ? Les échos nous sont parvenus faisant état de la bonne figure dont jouirait le pays des mille collines en matière de maintien de la paix notamment au Darfour, en Haïti, etc. Et c’est assez louable pour un pays de moins de quinze millions d’habitants de penser aux autres, alors qu’il se dit toujours menacé par les réfugiés hutus qui sont entrés en RDC à la suite de la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais, mais passons. Si en même temps, à côté de ses atouts en matière de maintien de la paix, il est constaté et attesté qu’il contribue substantiellement à la précarité qui sévit actuellement dans la région des grands lacs, cela ne pourrait-il pas être considéré comme le bémol suffisant pour ajourner une telle ascension ? C’est remercier un sapeur-pompier qui a sauvé une dame une fois dans une maison en feu  à moitié éteint et l’encourager à être le pyromane en série qui dévaste des villages et cités entiers  pendant une décennie ! C’est terrible