Et si la constitution était un Être suprême en Afrique ?

Article : Et si la constitution était un Être suprême en Afrique ?
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6 mars 2013

Et si la constitution était un Être suprême en Afrique ?

Qu’il s’agisse d’une monarchie ou d’une république, d’une dictature ou d’une démocratie, chaque nation dispose toujours d’une Constitution qui lui sert de particularité tant sur le plan interne qu’externe. Cette loi fondamentale écrite (pour la plupart de cas) et exceptionnellement coutumière situe la vie de la cité dans sa genèse, établi ce dont elle est constitué et régit son fonctionnement.

On s’imagine aisément qu’on est en face de deux domaines les plus sensibles de la vie d’une nation donnée à savoir : le droit et la politique. Mais, loin de moi l’idée folle d’épiloguer sur ces cordes ultra sensibles qui font couler beaucoup d’encre et de salives… Néanmoins, j’ai envie tout de même de m’intéresser à un tout petit aspect qui touche essentiellement sur le respect de ces textes, adoptés très souvent haut la main

Aucune Constitution, en effet, ne saurait satisfaire de manière exhaustive toutes les aspirations, du reste mouvantes, d’une nation. Ceci explique, entre autre, la possibilité de révision ou d’amendement que l’on retrouve dans toutes les constitutions du monde, ou presque. Ces révisions doivent, suivant une logique simple, revêtir un caractère général et impersonnel : une Constitution se doit d’être permanente et s’inscrire surtout dans la durée. C’est la seule condition pour qu’elle garantisse la stabilité de la nation dont elle sert de lumière, à l’image d’un être suprême qui serait survenu après approbation, à l’issue d’un plébiscite ou d’un referendum du peuple, dictant sa loi à ceux qui l’ont reçu mais qui peut effectivement s’adapter aux différentes mutations socio-politiques, voire économiques qui interviennent ici et là. Et à cet effet, notons qu’un être supérieur n’est présenté aux hommes que par le biais de la religion ou d’une quelconque autre organisation similaire ; or dans toutes les religions du monde, il existe des personnes qui ont justement la responsabilité d’être des intermédiaires entre Dieu et les hommes en veillant notamment aux faits et gestes des populations qui sont censément assujettis à l’être suprême, s’ils vivent conformément  aux prescriptions de la suprême volonté. Quelle tâche !

En essayant un parallélisme osé pour notre billet, ceci pourrait nous donner quelque chose comme ceci : l’être suprême serait la constitution ; la foi qu’on accorderait à cette dernière serait le referendum car la foi tout comme le vote requiert l’autonomie de la volonté ; et le ministre de cultes dans ce cas ne peut être que le juge constitutionnel qui est au service de l’Etre suprême, en veillant justement à ce que sa volonté soit respecté, c’est-à-dire, entre autre, que les révisions constitutionnelles ne puissent s’opérer sans l’adhésion populaire.

Ceci nous offre un cas de figure assez intéressant : peut-on se détourner de l’Etre suprême après l’avoir accepté pour le seul motif qu’il ne nous satisfait plus ? Ou, le mieux serait de voir s’il existe une possibilité (et il doit y en avoir une) de s’agripper sous cette toile divine et de se remettre à ceux qui ont la « prêtrise » pour éclairer la religion de tous. Cette façon de faire les choses empêcherait, surtout chez moi en Afrique, des révisions constitutionnelles intempestives, qui ne tiennent pas compte de l’intérêt général, et responsabiliserait un peu plus le juge constitutionnel. Car comme le disait un professeur de droit de l’Université de Kinshasa: « la constitution touche à la fois l’identité matérielle et même spirituelle de la nation pour laquelle elle est appliquée ». C’est à ce titre d’ailleurs que différents mécanismes juridiques anciens comme récents militent justement pour que le contrôle de constitutionnalité ainsi que les révisions ne se limitent pas qu’aux textes mais aussi et surtout à l’esprit qui a concouru à l’accouchement du dit texte, ne dit-on pas que « la lettre tue et l’esprit vivifie ».

Divinisons nos constitutions, on verrait moins leurs défauts et ainsi on pourrait mieux les respecter et surtout les accepter telles qu’elles se présentent, car il n’y a aucune constitution qui ne soit meilleure que les autres. Il suffit juste de l’inscrire dans la durée et on verrait bien que tout irait à la normale.

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