RD Congo: ces généraux aux statuts ambigus

Article : RD Congo: ces généraux aux statuts ambigus
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4 mars 2013

RD Congo: ces généraux aux statuts ambigus

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Debout sous un soleil de plomb, la tête bien droite sous le drapeau et le regard fixé vers leurs instructeurs , ils sont encore jeunes. Ces recrues militaires qui jurent fidélité à leur patrie, de la servir jusqu’au sacrifice suprême, même si cela n’a jamais été le souhait d’aucun d’entre elles. Et au fil des jours, elles gravissent des échelons et galons après galons, ils deviennent des responsables dans la hiérarchie militaire devenant pour ainsi dire, des officiers dont les plus hauts gradés sont les généraux. Eh bien ! Chez moi en RDC, ces généraux, pour certains en tout cas, se sont adjugés des privilèges qui frisent une certaine impunité. Ils passent de façon peu habituelle les mailles du filet de la justice tant nationale qu’internationale surtout avec la vague d’interpellations ces dernières années par la Cour Pénale Internationale de différentes personnalités politico-militaires. La RD Congo est d’ailleurs détenteur du record des affaires pendantes au niveau de cette instance issue des statuts de Rome, ratifiés en 2002 par la RD Congo. Lui octroyant, de ce fait, la compétence de connaitre de tous les crimes à caractère international qui se commettraient dans n’importe quel coin du globe surtout que dans la plupart des pays, africains en l’occurrence, la compétence universelle des juges ne se retrouve pas encore dans leur arsenal juridique. Une activité législative intense s’impose à cet effet. J’en parlerai peut-être plus tard.

S’agissant de nos généraux « immunisés », ils se retrouvent dans divers dossiers et dans diverses affaires que l’on peut regrouper en trois catégories suivant  les cas que nous allons épinglés pour illustrer parfaitement nos propos. En premier lieu, nous évoquons ce général, ancien inspecteur général de la police qui est cité comme le commanditaire principal dans l’affaire de l’assassinat d’ un activiste des droits de l’homme. La logique la plus simple aurait été qu’il acceptât de se présente lui-même devant les instances judiciaires ; non pas comme témoin, tel que cela s’est fait au cours d’une des audiences de cette affaire qui de jours en jours prend des proportions beaucoup plus grandes que celles qu’on pouvait imaginer. Mais qu’il s’affichât justement en tant que le présumé commanditaire et simplement en tant que tel afin qu’il éclaire la justice et l’opinion sur sa participation ou non dans ce macabre assassinat  pour qu’enfin justice soit rendue sur base d’éléments complets provenants des personnes concernées elles –mêmes. Mais hélas !  Rien n’a été fait dans ce sens et notre général se la coule douce dans une de ses villas à Kinshasa.images

Il en est de même de ces officiers supérieurs recherchés par la Cour Pénale Internationale pour un ou deux crimes internationaux qu’ils auraient perpétrés ou du moins en auraient été commanditaires. Lesquels crimes s’inscrivent dans la compétence de cette Cour qui, manquant de police, ne peut que compter sur la collaboration des autorités politico-administratives du pays dans lequel le forfait est commis ou dans le pays d’accueil du fugitif qui, par le biais d’un mandat d’arrêt international, devrait livrer le prévenu pour qu’une des plus grandes vertus de la justice s’accomplisse. A savoir, la réparation des préjudices subis par les victimes. Alors là, même les scénaristes hollywoodiens, au-delà de leur sens élevé d’inspiration et de créativité, n’auraient pas eu d’échange à celle-ci. Au fait ces généraux, ne sont, non seulement, pas arrêtés par les services congolais alors qu’ils ont leurs domiciles sur le territoire national mais pire encore, ils sont accueillis comme si de rien n’était par le pays voisin. Et comme si cela ne suffisait pas, ils revendiquent la nationalité de ce pays qui censément devrait être le pays d’accueil avec possibilité d’extradition. Comment de tels messieurs ont pu gravir toutes ces marches? Car on ne devient général des forces armées en RD Congo que sur décret présidentiel, et ce privilège ne s’octroie qu’aux nationaux. Loin de verser dans l’exclusion, mais il y a tout de même matière à réfléchir  sur la « congolité » d’un groupe ethnique qui a la particularité de se retrouver dans plusieurs pays sans que leurs liens tribaux ne souffrent outre-mesure de la séparation faite au compas européen à Berlin en 1885. Bizarre.

La troisième catégorie, non moins négligeable, est celle où la protection d’un officier, après avoir atteint son summum du ridicule, a fini par mettre à nu un monsieur dont  l’exonération des crimes était considérée il y a peu comme le prix à payer pour la restauration de la paix dans la région des grands-lacs africains. Ceci, au grand dam de la justice et surtout au mépris des nombreuses personnes qui gardent et qui garderont encore bien longtemps les stigmates des atrocités dont ils ont été victime. Ce général est ni plus moins l’instigateur de la nouvelle rébellion qui décime des nombreuses familles à l’Est de la RD Congo et circule actuellement en toute liberté en changeant cette fois-ci de casquette, laissant ses poulains passés au premier plan, tel un génial marionnettiste, il dirige les opérations.images

Oui, nos vaillants généraux sont vraiment dignes de leurs galons et cela explique nos énormes prouesses dans les différentes batailles de la nouvelle guerre dans l’Est de la RD Congo. Elle n’a d’ailleurs de nouvelle que ces animateurs, les nouveaux chefs de guerre, sinon on prend les mêmes et on recommence.

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