Kinshasa , une ville, un monde…et un destin

Article : Kinshasa , une ville, un monde…et un destin
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1 mars 2013

Kinshasa , une ville, un monde…et un destin

kinLà, quelque part, au beau milieu de la forêt équatoriale, de la jungle africaine, se trouve une ville aux couleurs particulières, aux réalités étonnantes, d’où dérivent des scénarios et des constats rocambolesques et parfois même débiles. Débile, voilà le mot qui peut, si on le dépouille de tout sens négatif, caractériser Kinshasa parce qu’il s’agit bien de cette ville de la jungle africaine, la jungle. J’insiste et si ça vous dérange, je comprendrais que vous ne soyez pas un amateur de la boxe car deux de plus grands boxeurs qu’ait jamais connu le monde s’y sont affrontés. Les organisateurs de cette joute n’ont pas hésité à la dénommer « le combat dans la jungle », bien qu’ils n’ont de cesse de reconnaître que c’est le combat du siècle entre Georges Foreman et Mohamed Ali, mais là n’est pas notre sujet. Nous voulons ici présenter un tableau, fou peut-être, mais pas complètement. Vous vous en rendrez bien compte, l’intitulé est assez évocateur, révélateur voire provocateur mais exaltant, me semble-t-il, on le verra.

En fait, le monde dans ses diverses manières de vivre, de se concevoir et d’évoluer nous a offert deux blocs, deux styles très différents politiquement, économiquement, socialement et culturellement. La géographie de manière ainsi hasardeuse qu’il soit a placé les uns à l’Ouest, les occidentaux, comme on les appelle, et les autres à l’Est, les Orientaux. Ces deux blocs sont représentés chacun par un Etat qui en est le symbole et loin de moi l’idée de vous renvoyer à l’après deuxième Guerre mondiale, pour une raison toute simple : je suis né cinq ans avant la chute du mur de Berlin et le seul coin de la terre que je connaissais à l’époque c’était mon quartier. Convenez avec moi que l’Orient ne peut mieux être représenté aujourd’hui que par la Chine et l’Occident. Ne vous faites pas d’illusion, est toujours symbolisé par les « States » comme on le dit chez nous. Eh bien ces chinois et ces américains, on les retrouve à Kinshasa qui est une grande ville, divisée en quatre grands ensembles, les districts, terme conféré par la décentralisation administrative.images

L’ un de ces districts, la Tshangu, porte affectueusement le surnom, tenez-vous bien, de la Chine ,et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, c’est là que l’on retrouve la plus forte concentration démographique de la ville. La densité est telle que les embouteillages commencent dès le lever du soleil jusqu’en fin de soirée. Les populations qui y vivent, aux mentalités quasi homogènes ne dorment presque pas.

Dans la Chine kinoise, on peut s’acheter de quoi se nourrir et se vêtir à trois heures du matin et, corrigez-moi si vous le pouvez, les chinois asiatiques eux aussi travaillent souvent la nuit. Ne me posez surtout pas la question de la situation géographique de ce district qui porte si bien son nom de Chine, vous l’avez certainement deviné. Hasard ou coïncidence, sera-t-on tenté de dire.
Mais que dire, si à l’autre bout de la ville, à l’Occident où se concentre toute la jet set du monde des affaires, de la politique et du show-biz kinois, on y trouve l’unique cercle hippique que compte une agglomération de plus de dix millions d’âmes. Les seuls cours de tennis et de golf ainsi que le seul hôtel cinq étoiles que compte la ville s’y trouvent ; et on remarque que les mentalités changent, les modes de vie également. A Gombe, Ma campagne et autres quartiers huppés de l’Ouest, les kinois s’habillent à l’américaine, on ne parle presque pas notre lingala national même dans la rue, c’est le français. Comprenez aisément qu’on est loin de la promiscuité chinoise. Les maisons sont si spacieuses qu’il y a pour certaines des piscines et même des cages pour chiens ! Quel luxe pour la chine kinoise où une pièce peut être la journée une épicerie ou un restaurant de fortune et littéralement se transformer la nuit en dortoir pouvant contenir cinq à dix personnes, hommes, femmes et enfants compris. Ce n’est pas très loin de la Chine asiatique à quelques égards et exceptions près, il faut bien le noter pour éviter de heurter certaines sensibilités et susceptibilités. Et pour le relever, une petite comparaison, si j’ose le faire : la ville de Beijing en Chine avec ses nouvelles constructions, son nid d’oiseau, serait, dans un format réduit, le quartier 7 à Ndjili où on trouve des bâtisses qui vous font plonger dans un monde à part  qu’on ne saurait trouver en Chine, kinoise, bien entendu et j’ai osé.

Alors, dans cette ville où la Chine pragmatique et travailleuse se frotte culturellement avec les Etats-Unis et son fameux rêve américain, d’ailleurs les jeunes de cette partie de la ville sont taxés des rêveurs ou d’américains perdus au Congo (voyez à quel point on pousse la ressemblance). Il ne peut manquer qu’une chose ou peut être deux : les non-alignés et l’organisation des Nations Unies. Oui à Kinshasa, il y a également  l’ONU, symbolisé par une commune du centre de la ville, réputée pour ses sportifs qui servent à « maintenir la paix ». Il faut bien être fort pour imposer la paix à ceux qui la menacent et cette position le place à cheval culturellement parlant entre les deux blocs et il peut servir donc d’arbitre. Il s’agit de la fameuse commune de Matete. Dans les communes et quartiers dits non-alignés on retrouve un tout petit peu les saveurs de deux blocs où s’entremêlent ceux qui se reconnaissent de l’orient tels que les quartiers et communes de Kintambo, Bandal, Matongue et autres et ceux qui de tendance occidentale,Limete et certains quartiers de Lemba peuvent se classer dans cette dernière catégorie ;  les non-alignés comme je l’évoquais sont comptés parmi les quartiers où tout peut s’observer allant de la sérénité de l’ouest jusqu’au vacarme de l’Est en passant par le ton ponctué  de toute ville. Et les tiers-monde dans tout ça ? je n’en parlerais pas,car la plupart des quartiers et communes qui se retrouvent dans cette catégorie sont nés après le départ des belges, ils sont donc sous-équipés pour reprendre le terme de feu le président Mobutu, l’ancien dictateur RD Congolais.

N’est-ce pas extraordinaire qu’une ville à elle seule puisse renfermer toute la réalité du monde et si elle s’y prenait autrement, elle pourrait, qui sait,servir de cobaye pour la paix mondiale et Dieu seul sait combien nous en avons besoin

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