Les rebellions en RDC, une partie visible de l’iceberg

Article : Les rebellions en RDC, une partie visible de l’iceberg
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6 janvier 2013

Les rebellions en RDC, une partie visible de l’iceberg

« Il n’y a jamais eu des guerres propres mais il existe de guerres nobles », dit un adage de chez nous. Alors, noblesse et propreté dans ce cas ne sont pas des concepts à chercher dans leur sens propre, sinon ils ne peuvent en aucune manière trouver leur place lorsqu’on évoque la guerre. La noblesse ici n’exprime visiblement que l’idée de la nécessité impérieuse qui peut militer au recours à la guerre pour lutter en vue de mettre un terme à une situation insupportable qui s’était érigée en système et qui ne pouvait trouver un dénouement que par la voie des armes. Après tout, une guerre ne peut être juste que quand elle est nécessaire, dixit Nicolas Machiavel. Eh oui ! La guerre, encore et toujours la guerre. Ce terme sombre aux réalités lugubres qui hantent nos pensées, alors que nous devrions évoquer de bons souvenirs, mais avons-nous le choix ? Originaire et résident d’un pays ou la guerre sévit pendant plus d’une décennie, on ne peut qu’en parler, comme si on y était contraint par un sortilège dont on ignore encore l’origine.

En fait, voilà plus de quinze ans que la RD Congo est en proie à des guerres qu’aucuns trouvent justifiées, libre à eux , démocratie oblige, mais nul ne peut cependant méconnaitre le coté macabre de son bilan : plus de six millions de morts, un triste record après celui de la deuxième guerre mondiale avec tous ces corollaires : viol de femmes et de filles, déplacement des personnes laissant meubles et immeubles, séparation de familles, enrôlement d’enfants mineurs au sein des forces armées, etc. La liste n’est pas exhaustive. Ce tableau noir a, bien entendu, des auteurs, des causes lointaines et immédiates et, malgré le changement de dénominations et même des animateurs de ces différents mouvements insurrectionnels qui interviennent dans des circonstances socio-politiques également mouvantes, on s’aperçoit curieusement  qu’ils ont des traits et caractéristiques communs qui font pâlir d’étonnement surtout que la ressemblance touche à la génétique, l’anatomie et même la physiologie de ce monstre à plusieurs têtes mais ne contenant au finish qu’un seul cerveau.

En effet, pendant que la flamme de la dictature du feu Joseph Désiré MOBUTU perdait peu à peu mais significativement ses brindilles enflammées, vers la fin des années quatre-vingt-seize, surgit à l’Est de la RD Congo une rébellion ayant à sa tête un vieux maquisard, ancien membre de la jeunesse du mémorable Mouvement National Congolais, parti politique créé pour la réclamation et l’obtention de l’indépendance, par Patrice Emery LUMUMBA d’heureuse mémoire. Cette rébellion soutenue par les pays voisins de la partie orientale de l’Afrique que d’aucuns n’accordaient aucune chance de réussite a, contre toute attente, et ce, au bout de huit mois, réussi à conquérir un territoire d’une superficie continentale, quatre fois plus grande que la France et quatre-vingt fois la Belgique, la nation colonisatrice. Mobutu ou son armée, était-il faible à ce point, rien n’est moins sûr, toujours est-il que la rébellion a soulevé des questions devenues à ce jour le leitmotiv de tous les mouvements qui se sont succédés à savoir la question de Banyamulenge, ces tutsis congolais qui seraient marginalisés et aussi la fameuse question des LRA (lord resistence army) et des interhamwé ainsi que des FDLR (force démocratique pour la libération du Rwanda), des vieux mouvements rebelles respectivement de l’Ouganda et du Rwanda qui auraient pour base arrière la rd Congo, des vraies raisons oudes prétextes, la réalité au jour d’aujourd’hui nous livre de la manière la plus claire les vrais enjeux de ces guerres à répétition qui ne sont autres que la balkanisation de la rd Congo et l’annexion de sa partie orientale au Rwanda et à l’Ouganda .

La fille ainée de ces mouvements exogènes est comme nous l’avons évoqué plus haut l’AFDL (alliance des  forces démocratiques pour la libération du Zaïre), saisissant l’opportunité qui s’offrait avec l’affaiblissement physique et surtout politique du Marechal Mobutu a masqué ce mobile mesquin de la balkanisation au profit de l’impérieuse nécessité du départ de l’ennemi public numéro 1, le pauvre qui comme un prophète avait lancé : « après moi c’est le déluge » qui l’a cru à l’époque ?, tous était dans l’extase et aujourd’hui, on se rend bien compte que la guelle de bois n’est pas loin de nous quitter, passons. On avait à peine défait le décor qui a servi à la tenue des festivités de l’an 1 de la prise du pouvoir par l’alliance qu’une autre rébellion débutée dans les mêmes circonstances, mais cette fois-ci en sus de décrier la dictature supposée ou réelle du régime de l’alliance, les ténors du RCD ( rassemblement congolais pour la démocratie) se sont également érigés en défenseur des droits des opprimés, entendez par là les banyamulenge pour lesquels une localité, celle de Minembwe prendra le statut de territoire, donc d’une entité territoriale décentralisée avec option de se doter d’une personnalité juridique qui le permettrait de bien disposer du sol et sous-sol au nom de l’alma mater qui est l’Etat, un bon début !

Cinq ans plus tard, comme personne ne pouvait gagner la guerre vu que près de dix armées sans compter celle des nations-unies combattaient sur le territoire national, on devait en venir aux négociations qui instaurèrent une transition- la énième pour le pays- et finalement les élections ont eu lieu. Pendant ce temps la situation sécuritaire à l’est du pays restait précaire, des généraux y défilèrent certains en paieront d’ailleurs de leur vie mais rien n’y fait jusqu’à ce qu’un mouvement plus ou moins structuré  voit le jour,le CNDP (congrès national pour la défense du peuple) à sa tête un général, dont aujourd’hui sa déchéance est une source d’ ambiguïté et d’ impasse , mais qui est tout de même monté au créneau pour cette fois-ci réclamer plus de représentativité des siens aux sein des institutions, ça y est ! ne pouvant faire aboutir ses revendications vu que le mandat de la CPI le poursuivait, il se réfugie dans un pays voisin dont sans rire il se réclame originaire, mais ces acolytes vont parvenir tout de même à obtenir du gouvernement rd Congolais un accord, le fameux accord du 23 mars qui replonge le pays dans le sang et dans la psychose des lendemains endeuillés et comme pour bien s’insérer dans le registre qui le correspond le mieux, le nouveau mouvement, le M23 qui revendique la non prise en compte des termes de cet accord ajoute au moment où nous couchons ces lignes une condition, tenez- vous bien ! L’administration de la province du Nord- Kivu, le plan fonctionne à merveille et malheureusement il y a de ses congolais qui font le lit à ce projet déstabilisateur pour le Congo, la région des Grands-lacs et l’Afrique toute entière… j’y reviendrai.

Smj2

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Commentaires

AsPIK
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Un papier digne d'un pro ou presque. Très belle analyse qui m'a laissé sur ma faim... J'attends que tu y reviennes comme promis!